
Zoom sur le 11ième fish au pays de Toumaï
N’Djaména, capitale du Tchad, accueillera la 11ème édition du Festival International le Souffle de l’Harmattan (FISH), du 23 au 26 octobre prochain. Que peut-on retenir à propos?
C’est l’un des rares événements autour du livre en Afrique centrale. Le FISH est la manifestation de l’engagement à rendre à la littérature ses lettres de noblesses au Tchad et à la ville de N’Djaména un hommage, au travers de la culture artistique en général et ses auteurs en particulier. Il amorce la nouvelle deuxième décennie, et entend toujours mettre en visibilité la littérature africaine.
Selon le Commissaire Général, Sosthène Mbernodji, « ce festival est non seulement un cadre de retrouvailles des écrivains et auteurs d’ici et d’ailleurs en vue de partager leur passion de l’écriture, mais promeut l’universalité de nos belles singularités en vue de rendre la littérature tchadienne visible et accessible au public. Le Souffle de l’Harmattan vise aussi à déceler les talents cachés, valoriser les vertus liées à l’écriture, mais surtout susciter le goût de la lecture au public. »

Sosthène Mbernodji, journaliste, auteur, est le commissaire général du Fish
Pour cette 11ème édition, le FISH va se décliner sous le thème « Histoire, racines et mémoires » en ambitionnant de bâtir la bibliothèque des souvenirs et événements qui ont jalonné l’existence de la communauté africaine. Les organisateurs veulent donner la parole aux innombrables professionnels de la culture, qui ont vécu directement ou non, un événement devenu historique. Les acteurs de ce grand rendez-vous littéraire au cœur de l’Afrique seront également au cœur d’un cadre anthropologique, nécessaire pour penser aujourd’hui le témoignage des vécus et espoirs, catalyseurs de victoires. Or, la mémoire fait immersion dans les souvenirs du passé qui donne du sens au présent. « Cette reconstruction se fabrique selon un processus« , pense le commissaire général du FISH, Sosthène Mbernodji.
À en croire les organisateurs, le témoignage oculaire appartient d’abord au registre de la constitution des événements. Cette façon de voir permet de comprendre quelle fonction occupe le témoignage spontané dans la formation d’une mémoire de l’événement, et de ne point exiger autre chose de ceux qui témoignent directement des catastrophes qu’ils ont subies et auxquelles ils ont survécu, qui peuvent en témoigner parce qu’ils ont surmonté le trauma de la violence et accepté d’en attester la réalité. Bien entendu la réception de leur témoignage suppose de prendre au sérieux leur récit, de les interroger sur leur souvenir exact des faits, etc. Pourtant on ne doit pas oublier que leur relation est au service de la communication d’une onde de choc qui doit d’abord résonner dans la sensibilité de leurs destinataires. Il se peut que la douleur ou les conditions de survie aient perturbé la perception.
Il faut dire que cette année, le festival revêtira un caractère particulier en ce sens qu’il s’ouvre aux autres littératures (littérature d’expression arabe et en langues nationales). C’est donc une réflexion sur la mémoire collective ou plutôt les mémoires collectives où les écrivains, universitaires, journalistes culturels et bien d’autres auteurs seront appelés à historiciser les mémoires : ils pourront les analyser et les contextualiser en termes de « travail de mémoire ». Des tables rondes, des masters classes, des dédicaces et présentations de livres, des ateliers d’écriture meubleront ces assises. Le calendrier fait une part belle aux grandes figures des belles lettres qui figurent déjà en bonne place dans la programmation de ce 11ème FISH. Le Burkina Faso, le Niger, le Cameroun, la RDC, la RCA, la Cote d’Ivoire et l’Algérie seront représentés…
Que réserve la 11ième édition du fish aux festivaliers et amoureux de la culture africaine? Rendez est pris du 23 au 26 octobre prochain pour le savoir.
Par Kadidia NEBIE