
« La mort » en poésie avec Titinga Frédéric Pacéré
Raclez
Raclez enfin
Toutes les marmites
Que tous ceux qui vivent
Se lèvent
L’empire va chanter la vie;
Et debout
Debout tous ceux qui vivent ;
Le premier pas
Est toujours
Un tam-tam
Qui rappelle,
Rappelle,
Rappelle ,
Le message des aînés.
Condoléances,
Douleur,
Condoléances.
C’est la barbe poussiéreuse
Qui soulève
Les castagnettes du Message.
Condoléances,
Douleur,
Je suis venu
Vous présenter
Mes condoléances.
J’ai vu le soleil
Poindre à l’horizon,
Et
Tous les nuages
L’ensevelir .
J’ai vu ma femme
Pousser un cri
De détresse
Mon nom
Mon nom
Est TIRAOGO
TIRAOGO,
Un fétiche mâle.
Je découvre
Tous les horizons
De MANEGA
C’est la terre
Du cache sexe
En fer.
Hommes de la terre,
C’est la douleur
Qui m’envoie,
Pour
Vous adresser
Ses condoléances.
La fatigue
N’apaise pas son créateur
Il faut,
Il faut
Que la mort
Soit
Au terme
De la vie.

Frédéric Titinga Pacéré, né le 31 Décembre 1943 et décédé le 08 Novembre 2024 a été Avocat, chef traditionnel, homme de lettres et de culture, fondateur du Musée de Manéga au Burkina Faso
Mon pays
Mon pays
A pour nom
Celui qui découvre
Les chefs de MANEGA;
La mort est dans l’âme.
La mort
Est à l’origine
De la vie.
Vous chanterez,
Frères de l’enfance ;
Demain,
Nous serons
Devant un autre tombeau
Qui attend,
Et attend
Le meilleur
D’entre nous.
Mes condoléances
Sont
Un refrain d’Hier,
Un chant,
Un chant,
D’avant hier,
Que,
Demain,
Reprendra
Pour toujours,
L’enfant
Qui pleure sur la natte.
Mon village
Mon village
A pour nom,
Celui
Qui découvre
Les Rois.
La grandeur
A toujours
Été une fin ;
Mes condoléances
Ne sont pas
De ce jour.
Le tam-tam
De mes pères
A décidé
De répondre.
Mes condoléances
Mes condoléances
Ne sont pas
De ce jour ;
Mais c’est moi,
Moi
Qui appelle.
Mon message
Est la vérité éternelle ;
C’est exact !
La vie
C’est la cendre ;
C’est exact !
Et le tam-tam est là
Qui adresse
Au père,
A la mère,
A l’enfant,
Les condoléances
D’une éternité ;
C’est exact !
Homme
Des couvertures éphémères,
J’ai encore vu
Sous ma barbe poussiéreuse,
Les nuages
Couvrir le soleil ;
La vérité
Est perpétuelle !
Le message
Est divin!
Le message
Est multiple !
J’ai eu
Pour compagnon d’enfance
Celui
Qui les aime tous.
NONGUEBE
NONGUEBZANGA
La grandeur
A
Brisé ses pieds;
Mais sa voix
Recouvre toute la terre.
Et moi,
Tam-tam du silence,
J’appelle
Rappelle;
Ne pleurez pas;
Je répondrai;
Fils de mes pères ;
Je répondrai,
Quand l’hyène
Aura quitté
Le sentier ;
Je répondrai,
De Frédéric Titinga Pacéré, « La Poésie des griots » Éditions Silex, Paris, 1982