
L’auteur n’a pas besoin d’encouragement
« Je vais prendre un exemplaire pour t’encourager », « Je ne compte pas lire, mais je vais acheter ton livre juste pour t’encourager« . Voici-là des propos auxquels font face, certains auteurs. Il est indéniable que ces propos n’émanent pas de véritables lecteurs car le moins que l’on peut retenir d’un lecteur, c’est son humilité de se croire ignorant. C’est cette humilité qui garde en veille la curiosité des lecteurs et les pousse à s’adonner à lecture. Ce n’est donc pas faux de dire qu’on achète pas un livre pour encourager son auteur. L’auteur n’a pas besoin d’encouragement. Par la lecture, les lecteurs espèrent réduire leur ignorance. Que pensent donc les véritables lecteurs de tels propos? Lisez leurs avis que votre média du livre a recueillis:

Jacques Nanéma est enseignant-chercheur, en philosophie, éducation et développement à l’Université de Ouagadougou
On achète un livre pour se soigner et panser ses blessures intimes. Pour le professeur Jacques Nanéma, on achète un livre pour se faire plaisir et partager le plaisir que l’écrivain s’est offert en réalisant son œuvre d’art… on achète un livre pour se soigner et panser ses blessures intimes, pour lutter contre un mal terrible qui s’appelle misère morale et intellectuelle, indigence culturelle et spirituelle. On achète un livre pour s’instruire du regard d’autrui sur le monde, pour communier au jardin de délices ou au calice d’un autre que soi. On achète un livre pour participer au monde, pour apprendre à devenir humain, plus humain. Le livre est une école de vie, de pensée, d’action, d’imagination et de créativité. Malheur à ceux qui se privent d’une telle école. Le livre offre l’opportunité d’un rafraîchissement psychologique, moral, culturel, intellectuel et spirituel contre l’incandescence des jours et des nuits torrides qui dessèche notre humanité.
Le professeur va plus loin et confie ceci: « Les écrivains n’écrivent pas pour s’enrichir, pour engranger du fric, par conséquent l’argent qu’on dépense pour un livre n’est nullement une thérapeutique pour l’écrivain… aucun écrivain n’a besoin d’être encouragé, même si la littérature peut être pour certain un art de se délivrer, de se libérer d’un fardeau moral, sentimental, psychologique… ne l’oublions pas, l’écriture est aussi un jeu, un art où l’artiste prend plaisir à des séances d’auto-accouchement symbolique. C’est plutôt à la limite les lecteurs qui ont besoin d’être encouragés à aller vers les arts, eux qui sont dans le bruit, dans la violence ou dans l’indifférence, l’ennui du quotidien, eux qui sont des naufragés de la misère quotidienne…eux qui portent les fardeaux de la turpitude ambiante et peinent à lever la tête et les yeux vers l’essentiel….les écrivains, les vrais se moquent de nos porte-monnaie que nous délestons de quelques billets chaque fois que nous nous offrons un livre… ils se moquent de notre illusion de les enrichir alors même que leurs œuvres manifestent le trop plein de leur imaginaire, de leur richesse intérieure débordante… »

Natiémo Tankoano est un consultant en affaires et féru de lecture
S’adressant directement aux auteurs, Natiémo Tankoano est un consultant en affaires et féru de lecture, laisse entendre ceci: « Les auteurs, ne vous fâchez pas. Vendez vos livres à ceux qui veulent les lire réellement. Une personne qui lit votre livre vous fera gagner plus qu’une personne qui achète juste pour vous soutenir ».
https://ladika.info/2024/01/02/kadidia-nebie-donne-des-astuces-de-lecture-pour-demarrer-lannee-2024/

Mina Dabiré, est assistante professionnelle « le livre est un investissement personnel »
Pour Mina DABIRE, assistante professionnelle et grande lectrice, il n’est pas question de penser à l’auteur quand on achète un livre. « Je vois un livre comme un investissement car il m’aide à m’améliorer quotidiennement.
Le livre ou la lecture est un atout puissant autant personnel que professionnel » précise-t-elle.
l’achat n’est pas un acte de charité ou un soutien direct à l’auteur
Enfin, Daouda Ouédraogo, adhère à l’avis des précédents intervenants mais nuance tout de même. En substance lisez son intervention: « D’une part on peut considérer que l’achat d’un livre doit avant tout répondre à un besoin ou un désir personnel de lecture. Le lecteur achète le livre pour les idées, l’histoire, le contenu ou l’émotion que le livre peut lui apporter. Dans ce sens, l’achat n’est pas un acte de charité ou un soutien direct à l’auteur, mais un échange fondé sur la satisfaction personnelle » explique Adama Ouédraogo.
Toutefois il soutient qui’ il est vrai que l’achat d’un livre peut aussi être un moyen d’encourager un auteur, particulièrement pour les écrivains moins connus ou ceux qui publient de manière indépendante. Dans ce cas, l’achat peut être perçu comme une forme de soutien indirect, un moyen de promouvoir la culture et de contribuer à la diversité des voix littéraires.
« Ainsi, l’achat d’un livre peut être motivé par un mélange de raisons : le désir de lire, mais aussi, dans certains cas, l’envie de soutenir l’auteur et sa démarche créative » a-t-il conclu.
En définitive, l’on peut dire sans se tromper que l’acte d’acheter un livre, profite exclusivement au lecteur ou à la lectrice. L’auteur souhaite être lu. Il souhaite que ses idées soient partagées, à d’autres lecteurs. Par conséquent, l’auteur n’a pas besoin du soutien des lecteurs en termes financiers. Il espère plutôt faire des lecteurs et lectrices, des ambassadeurs et ambassadrices qui vont véhiculer sa vison. Une vision qui se répandra ainsi de suite à une communauté. Plusieurs avantages s’offrent à ce qui lisent. lire cultive, lire déstresse, lire lutte contre la rigidité mentale, lire fait accéder au savoir, lire développe la mémoire ainsi que les capacités cognitives etc. Au vu de ces différents bienfaits de la lecture, l’on peut conclure qu’on se soutient soi-même en achetant un livre.
Analyse faite Par Kadidia Nébié