Pour la lecture du soir, rendons-nous « Au village » avec Etienne Nicolas Kiba
C’est une case de grand-mère,
Une moiteur de peau sur la terre,
Deux enfants dans le lac boueux,
Une marmite de pâte sur le feu.
C’est une main noire rugueuse
Semant une graine bienheureuse;
La mangue tombée dans le champ
Et des arbustes inclinés par le vent.
C’est le dolo ou le kinkeliba,
Le fauteuil rutilant du Naba,
Quelques palabres sous le fromager
Lorsque le temps le permet.
C’est des longues salutations,
Des mains rudes en sudation
Quand se déverse l’eau des cieux
Ou s’élève l’incantation des vieux.
C’est une chapelle en banco
Ou une mosquée sans micro,
Des vieux égorgeant des bêtes
Pour leur terre et pour leurs fêtes.
C’est aussi l’odeur du karité
Sur les champs des enfants alités,
Quand leur mère porte la peine
Pour que nulle peur ne vienne.
C’est la boue de l’humide saison,
Des animaux libres en ablution
Sous les averses des cieux garnis.
C’est l’âme et l’esprit d’un sol uni .
C’est les corps tendus vers le ciel,
Des clameurs sur des figures de lune.
Les filles vont au pilon une par une
Et le son d’un Bendré traverse la dune.