« Pour que survive ma descendance » le coup de cœur
Nous naissons dans une famille. Nous grandissons dans cette famille qui nous procure l’amour, la chaleur des liens. Elle nous garantit aussi les conditions pour jouir d’une santé de fer. La famille s’investit aussi pour nous aider réaliser nos ambitions aussi bien sociales que professionnelles. Et nous devenons à même de voler de nos propres ailes, nous trouvons l’âme sœur, nous convolons en justes noces, et à notre tour nous concevons notre progéniture.
Nous prenons du même coup le relais de nos parents pour assurer des conditions de croissance, d’éducation, de bien-être à notre progéniture. Nous devenons d’emblée responsables de ceux que nous engendrons. Cependant, force est de reconnaitre que la responsabilité que nous avons à l’égard de notre progéniture ne commence pas à la naissance de celle-ci. Elle commence plutôt, avant même sa conception. En effet, la responsabilité commence d’ores et déjà, dans le choix du conjoint ou de la conjointe, les vertus morales que vous chérissez, et surtout la santé du partenaire. Ce facteur santé est un point crucial car il est la locomotive à laquelle s’attache les autres aspects de la vie humaine.
Mais qu’en pensent Alexandre et Rosine ? Ces tourtereaux, fous amoureux, qui ont décidé de convoler en justes noces. Ces jeunes gens fascinés l’un de l’autre, impatients de fonder leur foyer à eux, en faire leur nid et y manger l’amour ? Malheureusement, le certificat prénuptial semble s’opposer à leur projet de vie. En effet, le docteur après examen de l’électrophorèse leur révèlera qu’ils sont tous porteurs d’un trait drépanocytaire. Par conséquent, à chaque grossesse issue de leur union, il y a 25% de probabilité pour eux d’avoir un enfant porteur de deux hémoglobines S, donc « un enfant drépanocytaire ». Que vont-ils décider face cet obstacle ? Mettre fin à leur projet d’union ? Oublier en un claquement de doigts, tous les sentiments, qui les troublent et sèment des papillons de bien être dans tous leurs corps ? faut-il renoncer au bonheur de vivre ensemble, à cause d’une fichue probabilité de 25% qui promet votre progéniture à la drépanocytose ? Et les 75% restant, ne peuvent-ils pas vaincre la malchance des 25% ? que vont-ils décider ? Vous le saurez en lisant « Ame en tourment », première nouvelle contenu dans le second livre de Dr Valérie Pouan.
Et il y a aussi ces familles ; ces familles qui constituent un nid fertile à l’épanouissement de l’envie, de la jalousie voire de la haine entre les enfants. Là il s’agit de Rongo qui a grandi malgré lui à l’ombre de Yonka son frère. Selon lui, alors qu’il était l’inanité de la famille, son frère Yonka en était le privilégié. Quand l’agriculture, l’élevage, la chasse, lui faisaient échec, Yonka lui y réussissait. Pour finir les parents ont tout légué à Yonka le petit frère au détriment de Rongo. « Tu as carrément émietté mon droit d’ainesse. Mon opinion n’était qu’un vase de bouse. J’ai voulu me sentir important, ressentir ce que tu ressentais, et surtout récupérer mon droit d’ainesse. J’ai voulu inspirer le respect, et la considération à travers le village, alors j’ai invité le diable dans notre famille » a confié Rongo à son frère.
Mais à quel prix la prestation du diable afin qu’il devienne riche et recouvre sa dignité bradée ? Rongo arrivera-t-il à satisfaire le diable avec toutes ses ruses ? Pour le savoir, lisez « frères unis, pour que le bien triomphe du mal ».
« Pour que survive ma descendance » est le second livre du Docteur Valérie Pouan. J’ai pris un grand plaisir à le lire. Il est rythmé, imprévisible quant à la succession des séquences. Le style est limpide et accessible à tous. La narration est des plus exquise. Il a le mérite d’aborder des thématiques réelles et d’actualité, telle la drépanocytose, ce mal qui fait ravage dans le silence, et le rapport entre les relations et le nerf de la guerre qu’est l’argent. L’auteur par un détour subtile, nous reconnecte à l’importance du rêve et sa capacité à changer le cours de l’histoire. Toutes mes félicitations à l’auteure écrivaine, pour cette prouesse dans le paysage de littéraire. Pour sûr, ce livre est mon coup de cœur, de toutes les œuvres burkinabè lues en ce premier trimestre 2024.
Par Kadidia NEBIE